Par Fanny Girard, conservatrice du patrimoine, directrice du musée Toulouse-Lautrec, commissaire de l’exposition Age d’or de l’affiche artistique, la dernière décennie du XIXe siècle a vu les compositions d’Henri de Toulouse-Lautrec éclairer les façades parisiennes et éblouir les passants. Porté par l’émulation des autres affichistes de l’époque – dont Jules Chéret, Alphons Mucha, Eugène Grasset, Henri-Gabriel Ibels – il révolutionne ce domaine en plein essor, en y intégrant notamment des emprunts aux maîtres de l’estampe japonaise et de l’Art nouveau. Précurseur de l’affiche moderne, les nouveautés qu’il développe sont reprises et s’imposent comme des codes définissant l’affiche du XXe siècle.

Conservant la totalité des affiches réalisées par l’artiste, le musée Toulouse-Lautrec a aujourd’hui à cœur de remettre en avant ce pan essentiel de sa production, qui a fortement contribué à sa reconnaissance. De l’avis de Maurice

Joyant, son galeriste et ami de longue date, « Lautrec, avant d’être reconnu comme peintre et dessinateur, voit sa renommée s’établir comme faiseur d’affiches » ; c’est par ces productions qu’il est encore aujourd’hui connu dans le monde entier.

S’intéressant à l’image actuelle de Toulouse-Lautrec auprès des publics dans le cadre de l’écriture de son premier projet scientifique et culturel, le musée Toulouse-Lautrec a à cœur de montrer les différentes facettes de l’artiste. Avec cette exposition illustrant le « Lautrec affichiste », il souhaite mettre en avant un pan de sa production tout en le replaçant dans le contexte culturel, social et économique de l’époque, et faire redécouvrir les affiches de Toulouse-Lautrec en explicitant, pour chacune, son histoire.

L’exposition Toulouse-Lautrec et l’art

Musée Toulouse-Lautrec
Palais de la Berbie, Albi
05 63 49 48 70
musee-toulouse-lautrec.com
Du 1er octobre au 31 mai : de 10h à 12h30 et de
14h à 18h. Fermeture le lundi.
Du 1er juin au 30 septembre : tous les jours,
de 10h à 18h.
Fermeture le 1er mai.
Contacts presse :
Agence Observatoire
20, rue du Pont Neuf – 75001 Paris
www.observatoire.fr
Aurélie Cadot : aureliecadot@observatoire.fr

PARCOURS DE L’EXPOSITION

L’affiche et le spectacle : promouvoir des lieux et des vedettes

Cette section s’ouvre sur la première affiche réalisée par Toulouse-Lautrec, Moulin-Rouge.
La Goulue. Sont ensuite présentées les affiches que Toulouse-Lautrec a créés pour le monde du spectacle, des cabarets, cafés-concerts, chanteurs et danseurs. Certaines figures qui ont fait l’objet de nombreuses affiches de l’artiste, comme Aristide Bruant et Jane Avril, sont particulièrement mises en avant.

L’affiche et le texte : lancer des revues et des romans

Cette partie présente le deuxième grand ensemble d’affiches de Toulouse-Lautrec. Plusieurs de ses affiches annoncent la parution de romans en feuilleton dans des journaux ou la sortie d’un roman. Il a également été sollicité pour la promotion de revues telles que La Revue Blanche et La Vache enragée. L’iconographie adoptée pour cette typologie d’affiche est très variée : illustrant parfois le thème de l’ouvrage concerné, il s’affranchit dans d’autres cas du sujet pour créer une composition originale.

L’affiche publicitaire : vendre un produit, promouvoir une enseigne Toulouse-Lautrec a réalisé plusieurs affiches de promotion à but commercial. Ces affiches, qui ont pour but de mettre en avant un produit ou une enseigne spécifique, obéissent à des objectifs particuliers de reconnaissance visuelle. Si Toulouse-Lautrec a bien intégré cet élément, il a su en jouer et s’en défaire dans certains cas.

De la rue au musée, de l’éphémère au permanent.

Cette partie présente l’évolution du statut de l’affiche, de sa présentation dans l’espace public des villes à sa reconnaissance comme oeuvre d’art digne d’être exposée, collectionnée, étudiée. Sont ainsi présentées des cartes postales d’époque, puis des exemples pertinents de premières publications et expositions consacrées à l’affiche illustrée. L’exposition s’achève sur l’affiche comme objet de collection muséale et la présentation des contraintes d’accrochage, de conservation et de restauration qui en découlent. La restauration du fonds d’affiches du musée est ainsi présentée en détails et en images.

HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC

Henri de Toulouse-Lautrec naît le 24 novembre 1864 à Albi, d’une famille issue de la plus ancienne noblesse provinciale. Lautrec souffre d’une maladie osseuse
qui oriente définitivement sa destinée, il occupe ses journées en dessinant, puis en peignant, développant un goût largement répandu dans son entourage, et un don qu’il avait manifesté très jeune, jusqu’à en faire une vocation.

Son immersion dans la vie parisienne achève sa mutation : confronté à tous les mouvements artistiques novateurs qu’il découvre, il s’engage dans la modernité, et devient acteur autant que témoin d’une bohème montmartroise qui lui fournit son inspiration.

Portraitiste de génie, il immortalise les stars alors en vogue, d’Aristide Bruant à Jane Avril, d’Yvette Guilbert à la Loïe Füller. Familier des maisons closes, il s’attache à la simple réalité quotidienne des prostituées. Le théâtre, la Comédie-Française, le vaudeville ou les scènes d’avant-garde, pour lesquelles il conçoit programmes et décors, alimentent son goût insatiable pour la comédie humaine. Les trente et une affiches qu’il conçoit de 1891 à 1900 s’imposent par leur force et leur magistrales implication de l’image. Elles font de lui un précurseur de l’affiche du XXe siècle. Lautrec mène sa vie au rythme de sa création. Son travail acharné, mais aussi ses excès et l’abus d’alcool altèrent peu à peu sa santé. Il s’éteint au domaine de Malromé, propriété de sa mère, en Gironde, le 9 septembre 1901.

Légendes des visuels :
Henri de Toulouse-Lautrec,
Moulin-Rouge. La Goulue, 1891
Jardin de Paris. Jane Avril, 1893
Lithographies en couleurs. Albi Musée Toulouse-Lautrec
© Musée Toulouse-Lautrec – François Pon