Des premières études concentrées sur l’anatomie superficielle marquées par la lecture des travaux du médecin grec de l’Antiquité Galien (129 – 201) à la pratique totalement nouvelle de la dissection au tournant du XVI^e siècle, les études anatomiques de Léonard de Vinci représentent l’une des plus importantes contributions à la science de l’anatomie de la Renaissance.

Léonard de Vinci explique le corps humain en le rapprochant du fonctionnement de la Terre et des éléments naturels qui la constituent. Ailleurs, ses dessins rendent compte des proportions du corps humain, de la mécanique du corps (les os, les muscles et les tendons) ou encore de la logique des sens et des fonctions corporelles (digestion, respiration, circulation sanguine, reproduction). Autant d’études qui devaient servir à un traité d’anatomie que Léonard ne publia jamais, et qui sont mises en lumière dans ce livre. 

Contrairement à l’opinion communément admise, Léonard put réaliser ses dissections en complet accord avec les autorités politiques et religieuses de son temps, et ce du moins jusqu’à ce que ses idées matérialistes s’opposent aux bulles pontificales, notamment à propos de l’embryologie.

L’une des grandes forces de l’ouvrage est de montrer comment le travail de Léonard anatomiste et son œuvre peint sont étroitement liés. Il fait ainsi dialoguer les feuillets de Léonard avec des objets (cires anatomiques, facsimilés d’instruments de dissection), des livres étudiés par l’artiste, les contributions de nombreux spécialistes – universitaires, médecins, chirurgiens et historiens de l’art – et des reconstitutions 3D. De tels rapprochements permettent, à titre d’exemple, d’opérer un fascinant parallèle entre les représentations de la célèbre Cène de Milan et les connaissances médicales actuelles. Ce faisant, il illustre toute la puissance et l’actualité de ce grand esprit de la Renaissance.