Edgard Degas

Jeune italienne: Portrait présumé de la Comtesse de Castiglione

huile sur toile, ca. 1858-1859

153 x 105 cm

Collection particulière

Réf. MS- 2728 © Archives Michel Schulman, Paris.

Présentation par Michel Schulman, expert et auteur du premier catalogue raisonné numérique d’Edgar Degas

www.degas-catalogue.com/

Michel Schulman annonce la découverte d’une importante œuvre inédite de la période italienne d’Edgar Degas : ‘’Portrait présumé de la comtesse de Castiglione’’ (Coll. La Rocca, Rome)

Une œuvre inédite d’Edgar Degas, intitulée Jeune italienne: Portrait présumé de la Comtesse de Castiglione, vient d’être identifiée et authentifiée, apportant un éclairage inédit sur la période italienne du peintre (1856-1860). Peinte en Italie vers 1858-1859, cette huile sur toile de grand format (153 x 105 cm), demeurée inconnue jusqu’à ce jour, représente une étape décisive dans l’évolution artistique de Degas et s’inscrit dans la lignée de ses grandes œuvres telles que La famille Bellelli du Musée d’Orsay, Mendiante romaine du Birmingham City Museum et Vieille italienne du Metropolitan Museum of Art de New York. Ce tableau, conservé sur son châssis et sa toile d’origine, est l’un des rares portraits non familiaux de cette période de jeunesse. Il est aujourd’hui référencé au Catalogue raisonné numérique de Degas édité par Michel Schulman sous la référence MS-2728.

L’expertise rigoureuse de Michel Schulman

L’attribution de ce tableau à Degas a été confirmée par Michel Schulman, expert international et auteur du premier catalogue raisonné numérique de l’artiste. L’œuvre a bénéficié d’analyses scientifiques poussées, notamment du laboratoire Emmebi Diagnostica Artistica de Rome et de l’Université de Bologne qui ont validé l’authenticité de la signature. La comparaison minutieuse avec d’autres signatures de Degas, ainsi que l’étude stylistique approfondie, renforcent son indiscutable paternité.

Une œuvre ‘’manifeste’’ dans la période italienne de Degas

Elle témoigne de la transition stylistique de l’artiste qui à la fin de son long séjour à Naples, Rome et Florence entre 1856 et 1860, s’éloigne de l’académisme pour explorarer de nouvelles voies expressives et psychologiques. La composition met en scène une jeune femme pensive, baignée de lumière, dont la gestuelle codée et la palette chromatique subtile révèlent une rare intensité dramatique. La facture, à la fois esquissée et puissante, annonce déjà la modernité de Degas à son retour à Paris.

Une identification de la Castiglione présumée mais cohérente

La comtesse de Castiglione (1837–1899), femme influente et controversée de la diplomatie du Risorgimento italien, vécut à Turin entre 1858 et 1861 après sa disgrâce à la cour de Napoléon III. Degas traversa précisément Turin en 1859 lors de son retour vers Paris. La coïncidence géographique et temporelle rend plausible une rencontre ou, à défaut, l’accès du peintre à une des célèbres photographies de la Castiglione réalisées par Pierre-Louis Pierson.

 

P. L. Pierson, La cape, c. 1860 – New York, The Metropolitan Museum of Art – Inv. 1975.45

La comparaison visuelle entre le tableau et les photographies de la Comtesse de Castiglione met en évidence un détail caractéristique : celui de l’index droit raide le « digitus rigidus », que la comtesse affichait dans de nombreuses photos de Pierson. Fidèlement reproduite par Degas, cette posture singulière constitue un indice visuel fort en faveur de son identification.

Une œuvre d’une grande complexité psychologique

Dans cette composition théâtralisée, la jeune femme est représentée assise, pensive, baignée de lumière. Le traitement pictural – usage du clair-obscur, diagonales croisées, traitement sculptural des drapés – révèle une volonté de transcender la simple représentation pour exprimer un état d’âme. Le modèle apparaît absorbé par un combat intérieur, comme prisonnière de sa condition. Le décor suggère une salle d’armes. Deux sabres croisés en arrière-plan pourraient renvoyer aux luttes personnelles et politiques de la comtesse. Degas ne se contente pas ici de peindre un visage, il dresse le portrait d’un destin.

Une provenance prestigieuse

L’œuvre provient de la collection Antonio La Rocca, importante collection romaine constituée dans les années 1940-70, centrée autour des artistes italiens de Paris tels que Boldini, De Nittis ou Zandomeneghi. La présence de cette œuvre dans cette collection historique renforce sa légitimité et son importance.

Une œuvre charnière dans le parcours de Degas

Cette découverte éclaire d’un jour nouveau la période italienne de Degas, phase fondatrice de son évolution artistique. Elle met en lumière la capacité de l’artiste à capter la psychologie de ses modèles et à dialoguer avec les grands bouleversements de son époque. Grâce à l’alliance de la recherche traditionnelle, de l’intelligence artificielle qui a fourni les premiers indices de recherche et de l’expertise scientifique, Michel Schulman offre à la communauté artistique un jalon essentiel dans la connaissance de Degas et de la Comtesse de Castiglione.


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