VENTE BOISGIRARD – ANTONINI
21 DÉCEMBRE 2023 À L’HÔTEL DROUOT
JEUNE FILLE AU CHAPEAU, 1770-1775
Jean-Honoré FRAGONARD (1732-1806)
Toile ovale
H. 52 cm — L. 42,5 cm
Porte des inscriptions XVIII e au revers du cadre : a R n°16 Fragonard
Estimation : 400.000 — 600.000 €
TABLEAU INCONNU DE L’ARTISTE
CONSERVÉ DANS LA MÊME FAMILLE DEPUIS LE XVIII E SIÈCLE
Le 21 décembre 2023, la maison Boisgirard – Antonini dévoilera à l’Hôtel Drouot un tableau inconnu du célèbre peintre Jean-Honoré Fragonard.
Estimée 400.000 à 600.000€, La Jeune fille au chapeau est une incroyable découverte qui provient de la même collection que le Philosophe, découvert en 2021, celle de Dominique Magaud (1722-1806), député aux États généraux, juge de Paix, procureur du Roi et député du Puy de Dôme.
Cette découverte illustre une fabuleuse histoire qui permet de reconstituer une collection, de rapprocher des tableaux qui ont été séparés depuis la fin du XIXe siècle et d’approfondir le travail d’un artiste et de ses relations avec ses commanditaires.
Ce portrait séduisant d’une jeune fille coiffée d’un chapeau à large bord, gansé de rose, laisse ses yeux et la moitié de son visage dans l’ombre, sans cacher son regard. La technique employée ici par l’artiste est incroyablement libre, virtuose et enlevée. C’est celle appliquée à plusieurs de ses chefs-d’œuvre au moment où il s’affranchit des conventions habituelles et peint sa série des « figures de fantaisie ». L’une d’elles, conservée au musée de Louvre, 1769, porte l’inscription « peint en une heure de temps ». Le style est comparable à celui adopté pour le Philosophe, issu de la même collection, et partagent probablement la même date, vers 1770-1775. La composition est faite de coups de pinceaux énergiques qui balaient la toile, d’enchevêtrements de blancs très gestuels sur les vêtements. On y perçoit les stries larges grasses, de la brosse, on sent la pression de la main étalant un empâtement tout en fluidité. La coquetterie de la jeune femme et son regard obscurci sous son chapeau est également à rapprocher de la figure au second plan d’une composition probablement plus tardive, la Visite à la nourrice, dont il existe plusieurs versions dont une dans les collections du Waddesdon Manor (Royaume-Uni) et une autre à la National Gallery de Washington.
Ce portrait inscrit dans un cadre ovale était un format en vogue au XVIIIe siècle, de Watteau a Chardin et Boucher, jusqu’aux portraits de la fin du siècle. Les vues d’intérieurs de l’époque en montrent de nombreux exemples venant rythmer les accrochages. Fragonard l’affectionne particulièrement, près d’un de ses tableaux sur six épouse ce format, qui lui permet de donner dynamisme et vitalité à ses compositions.
Vers 1770, Fragonard est considéré par Diderot comme l’espoir de la peinture d’histoire française : Grand prêtre Corésus se sacrifie pour sauver Callirhoé (Paris, musée du Louvre) acheté par le roi, obtient un grand succès au Salon de 1765 et reçoit les éloges de la critique. Pourtant, il va orienter sa carrière différemment de cette carrière académique à laquelle il était promis. Il crée alors les célèbres figures de fantaisie, adoptant une facture débridée, aux coups de pinceau bien visible, pour une clientèle parisienne très sophistiquée.
Ce style caractérisé par un grand naturel et beaucoup d’élégance et de volupté emploie des couleurs pastel, des textures raffinées, une liberté du pinceau, des compositions asymétriques et un jeu entre lignes courbes et masses qui lui donne un aspect tournoyant.
À rebours des artistes contemporains, Fragonard donne au maniement de la brosse la plus grande importance ; son coup de pinceau est souvent large et nerveux, fixant rapidement, à l’improviste. « Peint avec ragoût », selon le terme fréquemment employé à l’époque, il porte le sceau des œuvres pleines de feu et de génie. Fragonard, d’un pinceau large et animé, utilise toutes les possibilités techniques.
Provenance :
– Probablement collection Dominique Magaud (1722-1806), fils du fermier général Amable Magaud (1680 – après 1754).
Dominique Magaud est député aux Etats généraux, juge de Paix, procureur du Roi et député du Puy de Dôme ;
– Son fils, Antoine François Hippolyte Magaud d’Aubusson (1801-1873), collectionneur, Pontcharraux, commune de Clermont-Ferrand ;
– Son fils Louis Anet Nicolas Marie Magaud d’Aubusson (1847 – 1917), collectionneur et ornithologue, Pontcharraux, commune de Clermont-Ferrand ;
– Sa nièce Marie-Félicie du Saray de Vignolles (1864 – 1950), Pontcharraux, commune de Clermont Ferrand ;
Toujours resté dans la même famille par descendance.