anima(ex)musica, c’est avant tout un projet dont le but est de redonner vie à des instruments de musique sous la forme d’arthropodes géants.

Le collectif Tout reste à faire invente à partir de pièces, souvent difficiles à dénicher, des créatures animées et sonores sans jamais dénaturer l’instrument.
Mathieu Desailly dessine et conçoit, Vincent Gadras structure et anime et David Chalmin fait battre le cœur de ces créations grâce à ses compositions musicales qui se déclenchent à l’approche du visiteur.
Cigale géante de Borneo, Doryphore, scolopendre… 15 pièces seront données à voir dont le grillon champêtre, création pour Les Champs Libres, exposée pour la première fois. Enrichie de dispositifs sonores et immersifs, d’espaces de détentes, l’exposition nous montre le plus petit de façon intime et poétique.
Entre musique et entomologie, anima(ex)musica invite à découvrir un fascinant bestiaire utopique, à se questionner sur les notions de surconsommation, de recyclage et à l’écologie en général.

L’exposition aux Champs libres est un moment important : 10 ans après la naissance de ce projet ici à Rennes, c’est l’occasion de présenter à nouveau le bestaire au grand complet dans un écrin parfaitement adapté et une scénographie surprenante. L’exposition sera ensuite accueillie au Musée de la musique | Cité de la musique – Philharmonie de Paris du 14 septembre 2023 au 7 janvier 2024.

Le collectif Tout reste à faire redonne vie à des instruments de musique en inventant des créatures animées et sonores à partir d’instruments ou de pièces d’instruments de musique hors d’usage. Les créatures animées sont inspirées des arthropodes. Les instruments ne sont ni cassés, ni détruits : ils sont démontés et remontés avec précision. En fonction de leur anatomie et des assemblages effectués, ces créations sont rendues mobiles et animées. Leurs mouvements imitent la discrétion des insectes et se présentent sous forme de micro-déplacements, de vibrations, d’ondulations, d’ouvertures et de fermetures. Cette métamorphose redonne aux instruments une nouvelle vie musicale.

Chaque créature fait l’objet d’une composition musicale dont l’orchestration renvoie aux instruments ayant servi à sa fabrication. Le monde des insectes est aussi un monde sonore, c’est pourquoi chaque spécimen est doté d’une partition. Son chant est déclenché par l’intrusion des spectateurs dans son espace et contribue à l’inquiétante étrangeté de la rencontre : les créatures tapies dans l’obscurité génèrent un discret bruit de fond qui peut s’apparenter à la rumeur d’une forêt ou d’une jungle.
En s’approchant de chaque animal, on distingue clairement le son qu’il produit au sein de ce concert en y reconnaissant parfois les instruments qui le constituent.
C’est leur petite taille qui fait que nous sommes incapables de nous représenter l’apparence des insectes. S’il était possible d’imaginer un mâle Chalcosoma avec son armure de bronze poli et ses encornures complexes qui aurait la taille d’un cheval ou simplement celle d’un chien, il deviendrait l’un des animaux les plus impressionnants de la planète. Charles Darwin – 1871 La descendance de l’homme et la sélection sexuelle

Donner à voir l’invisible

 

Au départ deux invisibilités : celle de l’insecte, en raison de sa petitesse, et celle de la mécanique cachée des instruments de musique. En effet, dans l’élaboration des créatures, nous nous employons à donner à voir ce qui en général est, sinon microscopique, du moins extrêmement petit et à montrer la face cachée de l’instrument : l’intérieur d’un harmonium, les marteaux du piano, les mécaniques de l’accordéon , parfois en utilisant des instruments rares ou curieux (clavecin, ukulélé…).

Cette combinaison permet à l’imaginaire de chacun de tenter une identification de ce qui est ainsi représenté : de quel animal parle-t-on (l’occasion de reconnaître notre ignorance entomologique et de souhaiter la combler un peu) ?
De quels instruments s’agit-il (là encore, bien que plus connus, les instruments révèlent souvent de grandes
surprises quant à leur fabrication) ?

Donner de la visibilité à un monde invisible

Les arthropodes à eux seuls représentent en nombre d’espèces 80% du vivant : un animal sur quatre est un coléoptère. Malgré leur supériorité numérique, ils sont pour la plupart ignorés, niés et victimes du plus grand dénigrement (à l’exception des abeilles – Insectopédie de Hugh Raffles).
Ils étaient là bien avant nous et le seront probablement après. Les observer, les découvrir fait aussi partie de notre projet.
Notre projet prend au mot cette étrange proposition de Charles Darwin.

TETTIGONIA VIRIDISSIMA

Comme tout insecte, la grande sauterelle verte dont la couleur peut varier du jaune au vert, possède trois paires de pattes, la troisième,
très développée, lui permettant de sauter. Elle mesure entre 3 et 5 cm et se reconnaît à la longueur de ses antennes qui peuvent atteindre trois fois la longueur de son corps. À la différence du mâle, la femelle possède une tarière qui sert à la ponte des œufs. Elle est capable d’émettre un bruit strident le jour comme la nuit, grâce au frottement de ses ailes : elle stridule. Elle vit dans les milieux enherbés ou buissonnants et dans les zones non cultivées. Carnassière, son alimentation est principalement constituée de larves d’insectes, de chenilles, mais aussi de végétaux. Avant la généralisation des pesticides, elle se nourrissait des larves de doryphores.
Certains peuples entomophages la consomment bouillie ou frite.

MELOE PROSCARABEUS

Le méloé printanier est un coléoptère courant en Europe qui se plaît dans les plaines argileuses et calcaires. C’est un insecte phytophage au cycle de vie complexe. À l’état adulte, il habite des zones herbeuses où les femelles pondent leurs œufs ; à l’éclosion, la larve grimpe sur une fleur, pour tenter de s’accrocher aux poils d’une abeille solitaire venue butiner. Ainsi transportée jusqu’au nid de l’abeille, la larve du méloé se nourrit de l’un de ses œufs ainsi que de ses réserves de pollen et de nectar. Elle pourra de cette manière entamer les différentes phases de sa métamorphose. Long d’environ 3 cm, l’adulte présente des élytres très courts et un abdomen mou, replet et développé de couleur bleu-noirâtre. Face à une perturbation, cet insecte peut sécréter du sang, à différents endroits de son corps.
Cette espèce est protégée en Ile-de-France et en Wallonie.

SCOLOPENDRA CINGULATA

La scolopendre, que l’on appelle plus communément le mille-pattes, fait partie des myriapodes. Elle a entre 21 et 23 paires de pattes, ce qui conditionne son déplacement ondulatoire. Elle possède deux gros crochets à venin situés sous la tête, correspondant à la première paire de pattes transformée. Sa longueur moyenne est de 10 cm, mais peut atteindre 15 cm. Elle vit au sol, sous des pierres et des troncs d’arbres morts, dans des milieux ouverts et rocailleux.
C’est un prédateur nocturne qui consomme principalement des arthropodes (insectes, araignées ou cloportes) qu’elle détecte grâce à ses antennes et qu’elle immobilise en leur injectant du venin.
Il n’y a pas d’accouplement. La femelle insère elle-même dans ses voies génitales un spermatophore déposé au sol par un mâle. Elle pond ensuite ses œufs dans une cavité et apporte soins et protection à sa progéniture pendant les premières semaines de sa vie.

les alvéoles d’une ruche

La scénographie créée pour Les Champs Libres est une coproduction avec le Familistère de Guise ainsi que
l’association Tout Reste à Faire. Elle sera visible à Rennes d’avril à septembre 2023 et à Guise de mai à septembre 2024.
La structure de la scénographie restera la même, en revanche le traitement couleur sera différent pour Guise.

La scénographie s’articule autour d’un pentagone central, auquel s’ajouttent des ailettes définissant des espaces séparés : l’ensemble dessine et évoque les alvéoles d’une ruche. Le concept même de la scénographie est de présenter trois points de vue différents de l’exposition à savoir : une vision dite souterraine, une vision au sol et une vision aérienne, reproduisant ainsi les trois niveaux possibles des biotopes des arthropodes.
La vision souterraine : elle est symbolisée par un couloir tournant défini par le pentagone central, dans lequel des ouvertures à des hauteurs variables permettent au visiteur des visions plus inattendues de l’exposition, ainsi que deux tunnels pour les enfants (chaussettes pour les insectes) leur permettant des accès plus rapides à d’autres espaces. La vision au sol : c’est le gros de l’exposition, les créatures dans leur ensemble sont sur leur socle respectif de présentation et le visiteur peut tourner autour.

La vision aérienne : elle est matérialisée par deux promontoirs (à l’image des escaliers d’embarquements des aéroports permettant la montée et la descente des passagers depuis l’avion vers le tarmac).
Ils permettent au visiteur d’avoir une vision plongeante sur l’exposition. Deux des créations sont également suspendues (méloé et trigognathus) ainsi que trois installations sonores (trompettes inscrites dans un cône, forêt de cordes et sphère en tambours).

Les deux promontoirs se placent près des deux insectes et donnent accès au visiteur à des pads permettant le déclenchement de dispositifs sonores : chants  de trompettes pour l’un et roulements de tambours pour l’autre. L’exposition permet ainsi de définir cinq espaces distincts, et deux grandes cimaises à l’entrée et à la sortie (7m x 3m10) : cimaises sur lesquels sont présenté l’ensemble des œuvres sous forme de pages encyclopédiques géantes avec description de l’animal, sa composition instrumentale et tout autre information entomologique ou organologique. Ce dispositif permet une exposition immersive sans cartel mais uniquement visuel et sonore. Deux des espaces invitent à la contemplation et au repos : sont présents au sol des poufs permettant de s’allonger à côté de la punaise ou du doryphore.

L’ambiance générale est l’obscurité avec des points lumieux sur les œuvres, les panneaux et l’ensemble de la scénographie sont de couleur noire, les textes en réserve blanche. La diffusion des sons est rattachée à chaque création et c’est le visiteur qui par son passage ou par une action délibérée sur un pad déclenche sa mise en route : l’exposition peut être très silencieuse (car peu de visiteur) ou au contraire très sonore (car beaucoup de visiteurs).

l’association
Créée à Kerbors en 2015, l’association Tout/reste/à/faire porte collectivement le projet anima(ex)musica. Ses sept membres actifs
œuvrent pour réunir les conditions favorables à la création du bestiaire utopique et à l’organisation générale des résidences,
des expositions et des performances, tant du point de vue administratif que logistique et économique. Elle est constituée
par Mathilde Coulon, Marion Barbier, Gwénola Drillet, Hervé Le Charlès, Lydia Le Charlès, Anne Le Ralec et Maud Resmond.

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