La peinture à l’huile est exécutée sur une toile fixée sur un châssis (43 x 48cm), que l’artiste a réalisé lui-même. Elle est signée et datée en bas à gauche.
Henri Rousseau, dit, le « Le Douanier Rousseau », né le 21 mai 1844 à Laval (Mayenne) mort le 2 septembre 1910 à Paris, est un peintre français, considéré comme un représentant majeur de l’art naïf, qui inaugure le « réalisme magique » (André Breton).
Paysage réel ou imaginaire
Ce tableau est une synthèse des paysages imaginaires qui s’inspirent également des sites réels peut-être du côté pittoresque de Charenton avec le fleuve la Marne.
La peinture représente « Une vue des bords de Marne » en été. Le douanier Rousseau peint sur le motif Paris et sa banlieue. (Faute de temps d’après des cartes postales ou des photographies. )
La peinture est composée en trois parties. Un fleuve aux tons bleutés, des effleurements de reflets argentés blanc, reflète le ciel. Trois veaux se baignent surveillé par un berger portant un chapeau de paille , près de lui un chien à droite sur la berge. Sur l’autre rive, à l’ombre d’une forêt une vache blanche se prélasse dans les reflets des troncs des arbres du fleuve.
La partie centrale est composée par un pont, à deux arches en pierres taillées et deux boules de fer à chaque extrémité. Un contrefort de couleur rouge brun de forme pointue se situe sur l’axe médian de la composition prolongé par un arbre au tronc fin accompagné par un autre sur sa gauche. Le groupe de trois arbres à droite est suivi par quatre autres qui animent le paysage d’un rythme subtile.
Rousseau utilise toute la palette de nuances de verts, la foret vert sombre, des verts clairs qui sont contrebalancés par des verts émeraudes, et le talus en vert foncé des tons rompus mélangés au brun et noir.
En arrière-plan, un chemin conduit vers une maisonnette blanche au toit rouge, une note de couleur dans les coteaux vallonné verts.
Le ciel est peint en dégradés, partant du rouge crépuscule puis au rose qui s’abandonne enfin vers des traînées blanc légères : toutes les variations chromatiques d’un soir d’été.
Le parement des murs du pont peints minutieusement permet littéralement de suivre la construction géométrique du tableau. Ce paysage d’une grande simplicité reste une œuvre magistrale qui recèle toute une symbolique avec le passage du pont aux deux arches, les sept verticaux des arbres et les vaches à la mimique presque humaine.
Le 14e Salon des indépendants
Encouragé à ses débuts par Signac et Maximilien Luce, Henri Rousseau commença à exposer au Salon des Indépendants à partir de 1886. Sa rencontre au début des années 1890 avec Alfred Jarry fut décisive. Non seulement il exécuta une gravure pour la revue de l’écrivain, L’Ymagier, mais celui-ci lui fit connaître Guillaume Apollinaire et Pablo Picasso qui devinrent très vite d’ardents promoteurs. Les surréalistes prirent le relais, reconnaissant un devancier dans celui que Breton appela “le mirifique Rousseau”.
Le 18 Avril 1898, Henri Rousseau expose au 14e Salon des indépendants au Palais des glaces des Champs-Elysées : La lutte pour la vie, Un portrait, La rue Louis Blanc à Alfortville, Une vue du bois de Boulogne (Automne) et parmi les trois Paysages figure Une vue des bords de Marne.
Sa grande dimension ( 43 x 48cm) en fait une œuvre charnière avec une autre œuvre : Une vue en automne, (non localisé). Ces tableaux témoignent de ces recherches chromatiques liés aux saisons et qu’il poursuit jusqu’à sa décès (1910).
Ce tableau se situe également dans un moment de malheur personnel, il a 54 ans, vit à crédit, vient de perdre son fils Henri-Anatole, (âgé de 18ans) et ne peut épouser Joséphine sa bien-aimée. En exposant au salon, il joue sa vie, mais échoue cette année-là. Henri Rousseau reconnaît devoir la somme de cinquante francs or, et s’engage à rembourser l’établissement Foinet, marchand de couleurs et de toiles dans un billet enregistré et signé le 17 Septembre 1896 , la dette à échoir le 15 juillet 1898.
Moins de 250 œuvres sont réunies dans les plus grandes collections privées et publiques.
Catalogue de l’exposition « Le Douanier Rousseau. L’innocence archaïque » musée d’Orsay 2016.
En homme de métier, Rousseau n’a pas manqué de relever sa verdure de tache : sur la Praire c’est le toit des deux maisons ; sur le canal c’est les coquelicots et le bout de baleines. Sur les deux œuvrettes, l’eau est faite du même bleu.
L’appareillage des pierres se retrouve dans le tableau de La récolte de Coton Paysage exotique avec l’église vers 1880.