EXPOSITION PROLONGATION JUSQU’AU 02.04.23 à l’Espace Fondation EDF
Entrée gatuite sur réservation
La Fondation groupe EDF présente « Faut-il voyager pour être heureux ? » une exposition inédite en France sur la thématique du voyage, prolongée jusqu’au 2 avril 2023 en raison de son succès. Depuis le 20 mai 2022, elle invite les visiteurs à se questionner sur le voyage aujourd’hui au travers des œuvres de 32 artistes contemporains, français et internationaux.L’exposition aborde des sujets d’actualité, comme la mobilité repensée à la suitede la crise sanitaire, les enjeux environnementaux de la préservation des écosystèmes et du changement climatique, ou encore les migrations contraintes et l’exil. C’est aussi une invitation au plaisir et à l’émotion pour découvrir d’un autre œil l’univers du voyage.
Près d’une cinquantaine d’œuvres – installations, peintures, vidéos ou encore photographies – évoquent ces questions majeures.Née d’un commissariat collectif réunissant Nathalie Bazoche de la Fondation groupe EDF, Alexia Fabre anciennement directrice du MAC VAL et Rodolphe Christin sociologue, cette exposition a pour ambition de faire réfléchir sur notre conception du voyage souvent identifiée comme un incontournable ingrédient du bien-être. Les récentes mesures prises par les différents gouvernements pour lutter contre la Covid-19 ont souligné notre dépendance au mouvement et révélé à quel point notre envie de mobilité pouvait être contrariée.
C’est avec l’art contemporain et toute sa créativité que s’éclaire le réel. Les artistes et leurs œuvres bousculent ainsi l’enchantement spontané du voyage, perçu comme un vecteur de connaissance, de dialogue et de développement, pour le confronter aux grands enjeux de notre époque : quelle est l’empreinte écologique des voyages et de leurs infrastructures ? Comment le tourisme transforme les ailleurs en espaces de consommation ? Quel regard peut-on porter sur les populations qui migrent par nécessité alors que d’autres se déplacent par plaisir? Et enfin, parce que le rêve reste une dimension fondamentale du voyage, quels sont les nouveaux imaginaires pour les voyageurs d’aujourd’hui et de demain ?
En posant la question « Faut-il voyager pour être heureux ? », nous avons souhaité déranger le réflexe qui fait du voyage un incontournable ingrédient du bien-être. Les mesures prises par les gouvernements pour lutter contre la Covid-19 ont souligné le degré de notre dépendance au mouvement. Qui avait imaginé que le principe de mobilité serait à ce point contrarié ?
Grâce à l’art contemporain, nous mobilisons la créativité pour éclairer le réel. Nous bousculons ainsi la part d’enchantement du voyage, souvent perçu comme un vecteur sans équivoque de connaissance, de dialogue et de développement. Nous tentons un exercice de lucidité. Si les voyages édifient parfois les consciences, n’oublions pas l’empreinte écologique des infrastructures, l’impact d’un tourisme qui transforme si souvent l’ailleurs en espaces de consommation. Nos déplacements supposent l’usage de technologies fonctionnant aux énergies fossiles, sans qu’il soit à ce jour possible de leur substituer des technologies écologiquement et socialement vertueuses. Rappelons qu’en matière de déplacements, les inégalités sont frappantes : lorsque des populations migrent par nécessité, d’autres se déplacent par plaisir.
Le voyage, ce composant du bonheur pour beaucoup, apparaît aussi comme un baromètre de l’invivabilité du monde. Le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sonne l’alarme en rappelant l’urgence d’agir contre le changement climatique. En 2019, en France, 31 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont dus aux transports. En 2020, la pandémie, en quelques jours, a stoppé net l’industrie touristique, une des premières industries du monde selon l’Organisation mondiale du tourisme. Dans un monde fini, peut-on imaginer une mobilité infinie et sans dommages ?
C’est dans les années 1980 qu’Ange Leccia se fait connaître avec ses Arrangements, des installations qui mettent en scène des objets industriels dont les face-à-face décalés convoquent paradoxes et poésie.Avec cet Arrangement de 1991, l’artiste questionne la notion de territoire en explosant la frontière la plus extrême : celle de notre globe. Il nous propose une vision aussi surprenante qu’utopique : et si nous avions une multitude de planètes Terre à disposition? L’œuvre interroge notre rapport au monde, en matérialisant notre illusion d’un plan B. Mais ce fantasme de Terre de rechange ou de la colonisation d’autres planètes nous renvoie paradoxalement à l’unicité de la nôtre. De la même façon, la sphère évoque un éternel recommencement, comme un exil impossible. Les globes s’étalent à nos pieds, et ainsi illuminés, ils semblent avoir la fragilité du verre.Le travail de l’artiste agit ici par contraste avec notre réalité commune : celle d’une planète Terre qui ne s’écrira toujours qu’au singulier.
Longtemps, voyager fut une épreuve physique et psychologique. Physique, car partir signifiait s’exposer aux intempéries, à la fatigue des efforts nécessaires au mouvement. Psychologique, car s’éloigner était synonyme d’isolement : on quittait son quotidien, ses proches, pour aborder l’inconnu.
L’incertitude était la règle, le hasard et l’aventure bousculaient les prévisions.La révolution industrielle a entraîné le développement des mouvements de marchandises et de main-d’œuvre. Pour cela, augmenter le nombre de routes s’est avéré nécessaire. Celles-ci ont d’abord été empruntées grâce à l’énergie animale, avant que mécaniques et moteurs ne prennent le relais en réduisant la fatigue, en augmentant la vitesse. Pour régulariser les déplacements et les rendre prévisibles, il a fallu organiser le monde à cette fin. La Terre, une fois devenue accessible et fréquentable dans ses grandes largeurs, a pu être exploitée. Chaque technologie exige ses infrastructures : ports, aéroports, aires d’autoroutes, mais aussi antennes, pipelines, câbles et ondes pour acheminer l’énergie et permettre des connexions. Des grands axes de la circulation planétaire jusqu’aux sentiers de randonnée, des itinéraires sont établis pour mailler les territoires, quadriller la planète. La voici partout accessible et disponible. Déjà certains rêvent de l’espace intersidéral.