Du 4 février au 6 mai 2023, au terme de sa résidence, Cynthia Lefebvre présente sa premièreexpositionpersonnelle en centre d’art. Pour Peines perdue, pieds retrouvés l’artiste réalise une plongée dans les profondeurs du corps en s’intéressant aux os qui en constituent la charpente, par un travail de la terre, de la sculpture et de l’installation. Elle invite en parallèle deux danseuses à se joindre à elle pour imaginer une chorégraphie de mains et d’os (Bones scores) restituée à travers un film et une série de performances, autour de ces entités réactives, poreuses et polyvalentes qui font de nous un « appareil de relation ».
Cette exposition est née d’une rencontre, celle du travail plastique de Cynthia Lefebvre et d’un lieu de résidence dit «sensible», au sein d’un hôpital psychiatrique en activité. Dans cet environnement singulier, qui est celui de la psyché, l’artiste s’est attachée à prendre le parti du corps. S’il y a du sensible derrière ce corps « physique», s’il n’y a même que cela, c’est du côté du soma-psyché ou du psychosoma que Cynthia Lefebvre s’est tournée. L’idée que dans cette nouvelle exposition, en ce lieu, le corps puisse se déposer et simplement le constater.
Prendre le corps pour ce qu’il est : instrument, réceptacle, filtre, véhicule, contenant, commun mais singulier.Le corps dont l’artiste nous parle, qu’elle fouille et qu’elle expose dans Peines perdue, pieds retrouvés est un corps qui n’est jamais un corps neutre. C’est un corps évènement(s), une somme d’évènements, pour faire du corps lui-même un « évènement ». La résidence de l’artiste constitue à elle seule un premier ensemble. Une visite à l’ostéothèque régionale à Marseille, des expériences collectives menées avec des usagers de services psychiatriques ambulatoires en détention (« Les os lourdes», Rouvrir le monde- DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur), l’organisation d’une collecte participative ou encore les lectures réalisées en prélude et au cours de la résidence, remontent de manière indicielle à la surface de l’exposition.
« Toute l’affaire est là : un corps c’est de l’extension. Un corps, c’est de l’exposition.Non pas seulement qu’un corps est exposé, mais un corps, cela consiste à s’exposer.Un corps, c’est être exposé. Et pour être exposé, il faut être étendu.»
Jean-Luc Nancy, Corpus, Éditions Métailié, Paris, 2000
«Dire un corps. Où nul. Nul esprit. Ça au moins. Un lieu. Où nul. Pour le corps. Où être. Où bouger. D’où sortir. Où retourner.»
Samuel Beckett, Cap au pire, Les éditions de minuit, Paris, 1991
our son exposition au 3 bis f, Cynthia Lefebvre fait du corps un appareil de relation où fragilité rime avec flexibilité. C’est un espace de circulations, parcouru de flux, de liens, d’articulations. En le situant quelque part entre os et eau, celui-ci est pensé comme un échafaudage fragile, zone de passage(s) et de mémoire. Un corps qui a absorbé, qui a compilé. Avec des vides, des pleins, des débordements. Un corps qui fait avec l’accueil, les abandons, les pertes, l’absence. Un corps qui fait avec tous les corps qu’il contient. Qui perd pied(s), pour mieux les retrouver.
Première occurrence performée, en complicité avecAnna Massoniet Ola Maciejewska, à l’occasion du vernissage le samedi 4 février, précédée d’une avant-première la veille dans le cadre du festival Parallèle(19 janvier – 4 février 2023). Un second volet de performances sera à découvrir lors dufestival du Printemps de l’ArtContemporain(4 – 21 mai 2023) pour la clôture de l’exposition, le samedi 6 mai. Avec la complicité artistique de Anna Massoni, Ola Maciejewska, Jérôme De Vienne, Clara Felix Heuser, Anatole Chartier, Noémie Clochard, Diane Chéry, Sarah Laaroussi.